Total condamné pour “greenwashing”, une bonne nouvelle pour la planète

C’est un procès “historique” que TotalEnergies vient de perdre, estime le Financial Times. Le 23 octobre, le tribunal judiciaire de Paris a condamné le géant pétrogazier pour avoir “trompé les consommateurs quant à ses engagements climatiques”.
À l’origine de la procédure, trois ONG : Greenpeace France, Les Amis de la Terre et Notre affaire à tous, soutenues par l’association ClientEarth. Le recours qu’elles avaient déposé visait la campagne de communication lancée en 2021 par la multinationale à l’occasion de son changement de nom.
Cette année-là, la firme Total est devenue TotalEnergies, une compagnie “multi-énergies” – du pétrole aux renouvelables en passant par les biocarburants. Fière de ses produits “de moins en moins carbonés” et n’hésitant pas à se présenter comme “un acteur majeur de la transition énergétique”. “Pour atteindre le net zéro en 2050, nous ne ménageons pas nos forces”, proclamait par exemple un message largement diffusé sur Facebook, accompagné d’une photo d’éoliennes se détachant sur le bleu du ciel.
Publicité mensongère, accusaient les ONG. Un “jeu de dupes” car même si la société TotalEnergies s’est décidée à investir dans les renouvelables, le groupe continue à soutenir la construction de nouvelles infrastructures pétrolières et gazières aux États-Unis, au Brésil, en Irak, en Ouganda, au Mozambique. En flagrante contradiction avec les recommandations des climatologues.
Il faut dire que Total a une longue pratique du double discours. Une étude publiée en 2021 dans la revue Global Environmental Change a montré que la société était parfaitement informée dès 1971 des risques de catastrophe climatique liés à ses activités. Ce qui n’a pas empêché ses dirigeants de semer systématiquement le doute sur les fondements scientifiques du réchauffement jusqu’à la fin des années 1990.
Le tribunal a pour l’essentiel suivi les associations, qui dénonçaient “une vaste campagne de greenwashing”. Il a jugé que TotalEnergies avait “délibérément fait état d’une allégation environnementale de nature à induire en erreur le consommateur en lui laissant croire qu’en achetant ses produits ou ses services il participait à l’émergence d’une économie à faible intensité carbone”.
L’énergéticien a un mois pour faire disparaître tous les éléments de communication jugés mensongers, sous astreinte de 10 000 euros par jour de retard. Il devra aussi afficher la décision de justice sur son site web durant six mois.
Des sanctions symboliques mais “un précédent juridique majeur”, se félicitent les trois ONG : jusqu’à présent, aucune entreprise pétrogazière n’avait été condamnée pour désinformation climatique.
Quant au responsable de la rubrique Moral Money du Financial Times, il note que le jugement se réfère à plusieurs reprises à la législation récemment adoptée par le Parlement européen en matière d’écoblanchiment. Et en conclut que l’Europe “n’est plus un espace sûr” pour les entreprises prêtes à raconter n’importe quoi à propos de la décarbonation. Faut-il s’en plaindre ?
Jean-Luc Majouret
Vous n’êtes pas encore abonné ? Abonnez-vous dès 1€Manque d’ambition
Dans son rapport annuel de synthèse publié le 28 octobre, l’ONU Climat montre que l’ensemble des plans que les pays ont soumis officiellement ou annoncé permettra une réduction de 10 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2035 par rapport à 2019. Cette baisse serait une première mais elle reste insuffisante pour respecter l’accord de Paris. Citée par la BBC, Laurence Tubiana, PDG de l’European Climate Foundation, estime que “ce rapport montre que nous allons dans la bonne direction, mais trop lentement”. Pour en savoir plus, c’est ici.
Aux Pays-Bas, ils défilent pour le climat
Trois jours avant les élections législatives du 29 octobre, près de 45 000 personnes ont défilé dans les rues de La Haye pour demander au prochain gouvernement, quel qu’il soit, de placer la lutte contre le réchauffement climatique au cœur de son action, rapporte le site Dutch News. Un thème quasiment absent de la campagne, qui a été dominée par les questions de l’immigration et de l’accès au logement. Pour en savoir plus, c’est ici.
Une “flotilla indígena” sur l’Amazone pour la COP30
Ils sont une cinquantaine, représentants des communautés autochtones de l’Amazonie, à avoir embarqué à Francisco de Orellana, dans l’Amazonie équatorienne, le 16 octobre. Leur destination : la Conférence des Parties sur le dérèglement climatique, la COP30, qui se tient à Belém, au Brésil, du 10 au 21 novembre. À bord de Yaku Mama, “Mère de l’eau”, en quechua, explique la Folha de São Paulo, la flotilla indígena naviguera sur le fleuve Amazone à travers quatre pays pour un périple de quelque 3 000 kilomètres. Une manière de faire entendre leur voix. Pour en savoir plus, c’est ici.
Vous venez de lire l’édition numéro 116 de Climatiques.
Courrier International




